Et rose….
« Et rose, elle a vécut ce que vive les roses, l’espace d’un matin... » Peut-être un des plus jolis vers de la poésie française et qui doit en réalité son succès à l’intervention impromptue d’un imprimeur un peu miraud parce que le génie se niche là où il le veut bien : François de Malesherbes avait composé une épitaphe lors du décès de la petite fille d’un de ses amis que l’on surnommait…. « Rosette » : « Et Rosette a vécu ce que vive les roses etc… » L’imprimeur aurait mal lu et vu « Rose » au lieu de « Rosette » pour notre plus grand bonheur, le terme de rosette évoquant légèrement plus le saucisson de Lyon qu’une gracieuseté. Heureusement, Malesherbes eut l’intelligence de ne pas revenir sur cette variante.
On connaît même la première mouture exacte du poète : « Et ne pouvait, Rosette, être mieux que les roses/Qui ne vivent qu’un jour » … Mouais, pas terrible. Il a bien fait de la retravailler pour en extraire l’essence mélodieuse que l’on connaît.
2 réponses
Oui, je crois que c’est la sonorité d’un vers qui participe largement à sa beauté. Celui de Malesherbes est de ceux-là. Voici une phrase de Pierre Loti extraite de Ramuntcho: » Oh! qui dira pourquoi il y a sur terre des soirs de printemps et de si jolis yeux à regarder, et des sourires de jeunes filles, et des bouffées de parfums que les jardins vous envoient quand les nuits d’avril tombent, et tout cet enjôlement délicieux de la vie puisque c’est pour aboutir ironiquement aux séparations, aux décrépitudes et à la mort. » Terrible mais quel rythme, quelle recherche pour rendre une si longue phrase aussi limpide.
Dans ce monde où les gens ont en permanence le nez sur leur téléphone et communiquent avec un bagage de 200 mots à tout casser, que ne peut-on se régaler de lire Joachim Du Bellay « Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ».
J’arrête là car je suis intarissable sur le sujet.
Oui, la poésie est une véritable source d’apaisement et de ravissement. J’aime