Allo, la lune…

A quoi sert la lune au juste ? Enfant, je m’y serais très bien vue ; comme elle j’étais pâle, transparente, légère, indolente, nonchalante, « molle » disait ma maîtresse d’école. Je me serais bien cachée derrière le croissant le plus aigu me faisant totalement oublier. La vérité vraie, la seule, celle qui sort toute nue, est que je me laissais facilement aller au gré des flots, du vent ou du moment avec le secret espoir de ne plus offrir aucune prise aux grosse bêtes obscures du coin du bois pratiquant le fervent espoir de me transformer en chair à pâtée. Je me défendais en faisant preuve de… rien. « Mauvais caractère, mauvais ton caractère » me disait-on. Evidement, je me fermais encore plus et prenais un air bougon tout en faisant mes yeux le plus sombres possible ceux qui me faisaient voir la vie en noir. Ca n’était pas bon, non pas bon du tout , ça ma petite. Je me posais souvent des questions existentielles telles que comprendre pourquoi le coucou de la cuisine sonnait 6 coups alors qu’il n’indiquait que 4 heures, l’idée qu’il puisse être tout simplement détraqué ne me convainquant aucunement.

Ou qu’un jour de plus c’est forcèment un jour de moins.

J’étais plutôt style comme dirait mon copain Luc Ferry à « Baisser les pieds traîner les bras »

Je ne percevais pas les choses comme le trop commun des mortels, c’est tout. L’embêtant c’est que le commun des mortels ne me percevait pas beaucoup mieux, du coup. Si encore je ne m’étais pas acharnée à étouffer mon petit frère avec un oreiller. En plumes d’oie, l’oreiller…

Non, c’est blague, je n’avais pas de petit frère.

Ou alors c’était il y a longtemps et il y a prescription.

L’école, quoi l’école ? Forcèment l’école. Je n’y étaits pas très heureuse, pas vraiment malheureuse non plus ; un peu déboussolée surtout. Il ne fallait du reste pas grand chose pour me déboussoler.

Heureusement, il me reste la lune….