Tout un programme (Gigi chapitre I)

Des nouvelles de Lorraine

Tout un programme (Gigi chapitre I)

5 juin 2021 Celle qui est en moi 0

Gigi s’est cassé la figure dans ses escaliers, toute seule come une grande, pour une fois ça n’était la faute de personne. Ah si, certainement à son mari qui n’était pas là pour la retenir, ou au voisin qui passait et l’a distraite ou… Bref, il lui faut toujours un coupable, c’est Gigi. Je sais vous ne la connaissais pas. Moi, si. Gigi est, comment dire, pas une amie non – mes amis se comptent sur les doigts de la main et certainement pas là où on s’attend à les trouver -, pas une ennemie non plus loin de là. Une relation ? Non, il y a dans le mot « relation » pour moi un sous-entendu de considération que ne m’inspire pas Gigi . Alors quoi, une copine ? Hum, hum, j’hésite, une connaissance peut-être plutôt. Oui, à défaut d’autre chose. Nous avons beaucoup de choses en commun, l’âge, un mari, des enfants, elle a des défauts que je détiens  également et des qualités que Dieu merci je n’ai pas. Elle n’est pas d’une intelligence ni d’une culture virulentes mais j’en ai pour nous deux. Elle est un peu bête, pas méchante mais ses bêtises ont des conséquences qu’elles ne mesurent pas. Elle possède une grande langue. Très, très grande langue qui s’agite toute seule indépendamment de sa volonté, reconnait-elle. C’est une belle femme, toujours très bien habillée ce qui lui attire des avatars avec sa banque : « Que veux-tu » revendique-t-elle  « Moi, je n’aime que les belles choses ! » Ah bon, parce que moi j’aime ce qui est moche, laid et hideux, les nippes quoi. Elle me dit un jour de grand vent « Tu es coiffée comme une sorcière ». Ça tombe bien, j’en suis une et je vais te transformer en crapaud baveux. Elle est brave quoi. Je ne crains nullement qu’elle me lise et se reconnaisse : elle méprise l’informatique et ne s’approcherait pas d’un ordi même s’il lui tendait les bras. « C’est tout du surfait et c’est un truc pour te faire pirater tes comptes » ». Ah voilà, moi qui me demandais où était passés les millions que j’avais mis de côté j’ai enfin l’explication, il suffisait de demander à Gigi. En attendant, je vais aller lui rendre visite puisqu’elle est immobilisée avec son pied tordu ; je lui porterai un pot de confiture de rhubarbe, elle a horreur de ça et nous pourrons discuter gentiment des uns et des autres. Ben quoi, je n’ai pas dit que j’étais la meilleure des deux… On en reparlera.

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