Libretto espresso (extrait)

Des nouvelles de Lorraine

Libretto espresso (extrait)

3 mai 2021 Celle qui est en moi 2

Il pleut. Les lampadaires éclairent d’un frisson délicat les milliers de gouttelettes qui se tiennent par la taille en un équilibre fort précaire sur le rebord des toits. L’odeur de la pluie s’est mise en marche et le ciel se ferme dans une lenteur fallacieuse. La ville retient sa respiration sous les assauts du vent bourru qui la malmène. Dans les flaques, la pluie clique et claque.

Par autorisation expresse du ciel, il est maintenant plus de 21 heures. Il fait déjà sombre : un velouté aromatisé à la crème de nuit. Dans l’obscurité, les trottoirs livides sont autant d’abîmes prémédités, les coins de rue s’étiolent avant de mourir sans un cri. Grâce au ciel, il demeure quelques marches facétieuses qui pétaradent malicieusement, goguenardes et insolentes.

Il est toujours 21heures mais il faut se dépêcher d’en profiter. Le vent se revêt de poussières disparates et la lune se faufile d’un pas léger entre les toits. Vite, vite, la barrière, le jardin, la maison. Un oiseau qui sifflote quelque part, il n’a pas tout à fait tort.

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2 réponses

  1. TURK michel dit :

    N’avais-tu pas soutenu ailleurs qu’il ne pleuvait jamais en Lorraine? Flagrant délit de mensonge! Mais j’aime beaucoup le texte alors te voilà pardonnée.

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