Sortir de sa coquille… ou pas
Vous savez ce que c’est, dans toutes les familles, il y a des expressions comme ça qu’on utilise – ou que l’on a utilisé – qui n’ont de sens que pour les initiés de la parenté. Dans mon enfance, c’était une superbe locution issue du vocabulaire favori de mon grand-père maternel. Attention, je ne parle pas de n’importe qui : professeur de français et latin, diplômé de la Sorbonne, helléniste distingué et dont l’expression favorite était : « Je m’en tamponne le coquillard avec une patte d’anguille ». Formule transmise incidemment par ma chère maman et que je révérais pour sa consonance et le phantasme qui s’y rattachait autant que je révérais le dit grand-père que je n’ai jamais connu mort bien avant ma naissance. Et voilà, que je tombe tout à fait par hasard sur le dit coquillard dans ce merveilleux outil qu’est internet (hé bien si, il faut bien le reconnaître mais ce sera un autre débat) et je m’aperçois qu’un petit voyou se cachait sous l’habit professoral de mon aïeul. Ma très chère maman, en réponse à un ou deux questionnements de ma part sur le sujet du coquillard en question avait vaguement fait allusion au Pèlerinage de Compostelle ; tu parles, nous sommes là bel et bien dans l’argot le plus pur, le coquillard en question étant un dérivé de la ‘coquille’ qui, au XVIe siècle désignait le pénis, et même si Jean de La Fontaine a usé de l’expression et que Georges Perec l’aurait repris dans un opus paru en 2000 chez Denoël (pas lu), il n’en demeure pas moins que la traduction littérale et moderne serait du genre : « Je m’en bats les c…..illes ». Qu’en des termes galants ces choses-là sont dites.
4 réponses
J’ai compris! Sacré grand-père et tout helléniste qu’il fût, il s’en tamponna le coquillard. Mais on s’en br….! Je l’imagine en 14 alors qu’il venait de lire « Alcools », dissertant avec Apollinaire de l’avenir du surréalisme… du côté quartier latin, juste avant la grande guerre, une façon de voir la vie en rose. Ainsi parlait la France, ça résonne quand même autrement de s’en tamponner le coquillard que de s’en battre les choses.
A bientôt
C’était un tel admirateur de Jean-Jacques Rousseau que bien que se prénommant Maurice, il se faisait appeler « Emile ». Il était propriétaire terrien et n’eut que des filles pour son malheur ce qui lui faisait dire qu’il regrettait le temps des Pater Familias qui avaient droit de vie ou de mort sur leur progéniture. J’espère que c’était juste une facétie….
Petite précision sur la précision : il a été orphelin jeune et c’est sa sœur de 10 ans plus âgée qui l’a élevé. Il a fait ses études puis a hérité d’un oncle, propriétaire terrien, dont les enfants étaient décédés et c’est ainsi qu’il est lui-même devenu proprio.
Jean-Jacques, sacré JJ.
J’ai écrit un papier dans le magazine « Histoires de Savoie » sur Madame de Warens, égérie et maîtresse du grand philosophe qui a écrit dans les « Confessions » que c’est à Chambéry, aux Charmettes, qu’il avait passé les plus belles années de sa vie. Relation quasi incestueuse puisque, couchant avec, il l’appelait « maman » et elle, « mon petit »! Rien à voir avec ton aïeul sauf son amour de Rousseau.