Rires et chuchotements sous les mirabelliers

Les mots, les mots, les mots. J’en suis une victime innocente à l’insu de mon plein gré. Ce n’est pas moi qui vais les chercher, ce sont eux qui me dégringolent dessus comme une pluie capricieuse qui me décoiffe ; et pour éviter qu’ils ne finissent par me détremper la chemise, je les embrigade, je les mets en ordre, je les fais se tenir par la main jusqu’à ce qu’ils forment des phrases, des textes, des commentaires. Il y en a des tout frais du jour ou des nostalgiques qui datent d’hier. Il y en a qui claquent, qui percutent, d’autres qui roucoulent, qui fredonnent. Je ne suis sûre que d’une chose : il n’y a pas de logique, pas d’ordre, pas de règle. J’écris ce que je pense et que je ne dis pas parce que j’aime mieux écrire que dire et que question de penser, je n’en pense rien de bon. C’est clair ? Les mirabelliers ne sont pas là par hasard, ils ne sont pas plus innocents… Quand je serai présidente de la république, je voterai une loi qui oblige chaque citoyen à planter au moins un arbre fruitier dans son jardin parce qu’il n’existe rien de plus joli qu’un arbre fruitier : au printemps il verdoie, puis il fleurit gracieusement, ensuite il donne des fruits, après quoi il prodigue de l’ombre et à la mauvaise saison, il se dresse droit dans le ciel ses branches fortes et nues pour montrer sa détermination à perdurer. Et le mirabellier en est un exemple parfait, chaussé de bottes sombres et couronné de guipure blanche. Pas mieux. Alors, Banzaï! comme on ne dit pas sous les mirabelliers et