Boulet Rouge par Michel TURK
Il y aurait tant de boulets à envoyer tous azimuts, d’ailleurs ne s’en envoient-ils pas un peu partout, des vrais, mais aussi des faux, genre quolibets, attaques personnelles. Aujourd’hui, rien de tout cela, on fera long feu, mieux même, on ne fera pas feu du tout et surtout pas feu de tout bois.
Au fait, la vie pourrait n’être qu’un songe, une promenade à travers une constellation d’étoiles, le bercement d’une musique douce, un envol de milliers de grues dans le soleil levant sur le lac de Der, le souvenir d’une première tétée goulue quand on est venu de nulle part. Pas tout à fait de nulle part, du ventre de celle qui nous allaite et qui nous emmène sur le chemin de la vie. Tout ça pour retourner un jour vers le néant, ce rien indéfinissable dont on a vu sourdre moult théories et philosophies. Que signifie ce passage du néant au néant ? A-t-il seulement une consistance ?
Et puis, puits sans fond, il n’est pas qu’un rêve, il est parfois cauchemar, pour certains plus souvent que pour d’autres. Pas le cauchemar qui nous réveille en sursaut en pleine nuit, mais celui de la fin du mois, celui des bombes dont on dit qu’elles seules peuvent régler les problèmes. Le tracé de vie est jonché d’embûches, mais il nous offre aussi ces petits bonheurs qu’il faut savoir saisir, à défaut de quoi ils s’éloignent à jamais et nous échappent.
Comment puis-je rester lucide, prétendre connaître le chemin dans la jungle qui m’entoure ? Heureux ceux qui ne doutent pas, moi qui aie toujours douté de tout je peux le dire.