Boulet Rouge par Michel TURCK

Des nouvelles de Lorraine

Boulet Rouge par Michel TURCK

12 juillet 2023 Non classé 0

Mardi 11 juillet 2023

N’aurais-je donc plus rien à exprimer si ce n’est une vingtaine de lignes tous les deux mois ? Bien sûr que non ! Les sujets ne manquent pas, l’actualité en regorge, en recèle, en révèle, et la une des journaux porte en grand titre et en caractère gras les plus remarquables d’entre eux. Ces derniers temps, il y a eu Nahel, un jeune de 17 ans abattu par un policier. Et les passions se sont déchaînées, l’objectivité, comme pour tous les excès passionnels, était absente. On est forcément d’un bord ou d’un autre, la culture du doute, qui m’est chère, au rebut. Mais qui donc a intérêt à ce que le manichéisme que je déteste soit inscrit comme idéal de pensée ? J’ai ma petite idée, mais bon. Reste que ce jeune délinquant, je parle de celui qui a été tué, ne méritait sûrement pas un tel châtiment et que l’on peut légitimement se poser des questions sur l’action de la police. Qu’on peut tout aussi légitimement essayer de comprendre les causes de cette violence, et les réponses ne sont pas simples. Ras-le-bol de policiers qu’on ne respecte plus, qu’on suspecte de tout contre jeunesse désœuvrée qui a perdu les bases même du civisme. Oh, les politiques nous rabâchent les oreilles avec l’éducation civique, une heure de plus, une heure de moins… mais la déréliction parentale, peut-être parce que les parents ne sont jamais dispos, ça, ça ne se corrigera pas avec un enseignement rudimentaire sur le fonctionnement des institutions. A l’époque de ma jeunesse, il y avait le curé, le maire, les gendarmes, l’instituteur, la personne âgée, et toi, le môme, t’avais qu’à obéir. Le schéma était sans doute excessif, mais on ne tuait pas à chaque coin de rue. Je n’idéalise pas, ce n’est pas le propos d’un vieil atrabilaire nostalgique de son enfance qui balance des « de mon temps » où tout était toujours meilleur. En revanche, quelques faits sont parfaitement vérifiables. On légifère de plus en plus, inflation aussi de ce côté-là, et ça fait des années qu’on le dénonce. Certes la vie sociale s’est complexifiée et nécessite de nouvelles règlementations mais depuis quelques temps, on y va à la louche. Et la loi n’est même plus l’apanage de quelques juristes, elle appartient désormais à l’ordinateur, seul capable de démêler la pelote. Et surtout, on ne s’y retrouve pas, c’est l’anomie évoquée par Durkheim puis par Merton. Et ça rejoint le vieil adage romain « Summum jus, summa injuria » qu’on traduit par « trop de lois, trop d’injustices ».

Je pourrais enchaîner sur le mal-être des cités, sur ce petit monde qui survit avec les petits boulots, le trafic, les aides sociales mais dont les modes de vie sont finalement assez proches du monde de la Gervaise de Zola.

Terminé pour aujourd’hui !

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