Fallait que ça sorte…

Des nouvelles de Lorraine

Fallait que ça sorte…

4 juillet 2023 Celle qui est en moi 0

Me voici obligée de revenir sur une conviction profonde comme seule peut l’être une conviction profonde quand elle est bien profonde, peut-être parce que depuis un temps je discernais par derrière moi quelque chose qui me gênait et que finalement, ce quelque chose, c’était moi.

Avant d’attaquer j’ai fait le plein de substances : des roses, des bleues, des jaunes quelques-unes vertes et blanches. (Oui, un carré de chocolat, un bonbon à la menthe ou un nougat). C’est un minimum si je veux atteindre le but que j’ambitionne c’est-à-dire   sentir la rage qui couve en moi, la sentir    s’ébrouer, prendre son élan, gonfler énorme et effrayante mais, mais, mais rapidement hélas, comme d’habitude retomber comme un soufflé à la vanille trop tôt sorti du four. Je n’ai pas de don pour la colère, je ne sais, je ne peux pas. Je n’ai jamais eu mon diplôme « d’enragée prête à tout casser». Et c’est bien dommage, parce qu’éclater d’un seul coup pour jeter dans le biotope toutes les rancœurs, tous les ressentiments, toutes les aversions que l’on a renfermé en soi, ça doit être jouissif. Savoir insulter, vomir des cruautés, éructer des vacheries plein la tronche au type d’en face, quel pied, mais quel pied. Pas vrai ? L’idée est séduisante que dis-je elle est énormissivement séduisante. Mais avec moi ça ne marche jamais. Je ne sais pas faire et le tout reste sur son aire de décollage intériorisé. Por qué ? Porque ! *

Porque, je redoute l’aéropage de zoïles de mauvaise foi qui, si je les atteins par mes mots vont en retour me rendre coupable : le monde va s’effondrer, le soleil se ratatinera comme une baudruche et tous les maux de la terre et des enfers vont déferler sur le pauvre peuple par ma seule faute. D’autre part, J’ai horreur des disputes, des querelles, des discordes d’où personne ne sort jamais ni victorieux, ni vaincu quoiqu’on en dise. Sauf moi, moi, annihilée, parce que je ressens tout ce temps, cette énergie, cette intensité   perdue, à tout jamais. Moi aussi j’ai les mots, ça n’est pas ça qui me fait défaut, les vacheries, les cruautés, la férocité et j’ai même du flair pour ça, mais j’ai horreur de m’en servir, de blesser, de voir chez mon adversaire le sang du ressenti couler, sa chair entaillée par mes flèches verbales et son cœur mis cruellement à vif.

Alors, je me tais, je me la boucle, je me détourne et je m’en vais. On me croit faible, lâche non, mais incapable, désarmée, effarouchée, nulle, soumise, dominée, pitoyable. Mauviette en un mot.

Chut, il ne faut, je ne dois pas laisser sortir ces fauves, hyènes et autres chacals que j’ai su encager sinon, c’est vrai je pourrais causer des ravages.  C’est la loi de ceux qui sont plus forts de ce qu’ils ne sont pas. Laisser dire, flâner le sourire aux lèvres en pensant : « Si je voulais »

Et puis, un peu de « je vous méprise tellement » aussi, c’est vrai….

* Oui, je fais dans les langues

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