Ming or not Ming (Gigi chapitre II) Voir le 5 juin

Gigi malgré ses dons pour les salades est d’une crédulité qui me laisse pantoise. Elle m’appelle « Viens vite, viens vite ». Je ne résiste pas, elle m’ouvre, elle excitée comme un boisseau de puces. « Alors-là, je te garantis que tu vas être jalouse ! » ; Doucement, j’ai déjà suffisamment de défauts à mon palmarès inutile d’en rajouter et la jalousie n’en fait pas partie. Bref. « Regarde, toi qui aime le chinois ». Comprenons par là que j’ai un faible pour ce qui extrême orientaliste (et incidemment pour le  canard laqué) et elle m’exhibe fièrement mais précautionneusement, un beau vase façon chinois vert et bleu haut d’environ 30 cm ; « Alors ? – oui, il est superbe, tu l’as acheté où ? «Et là, elle démarre dans une histoire où elle a rencontré un ancien officier qui avait fait l’Indochine (l’Indochine, la guerre qui s’est terminée en 54 ou 55, il ne devait plus être très frais son officier). « Tu l’aurais vu, magnifique dans sa veste d’officier avec deux rangées de boutons dorés (important, ça les boutons dorés), sa casquette blanche et son pantalon blanc, on voyait tout de suite que c’était un monsieur ».  Le monsieur en question était à la recherche « d’amateurs de belles choses » parce qu’il avait ramené des antiquités chinoises et qu’il les vendait « plus pour faire plaisir plus que du commerce ». On n’en doute pas un seul instant ! « Et avec certificat d’authenticité » Elle me montre un papier rédigé……..en chinois. « Il m’a demandé de ne pas le répéter ( ?!) Parce que le vase est  un Ming du 4^ème siècle » Alors là, grain de sel de mon pragmatisme naturel : « Mais Gigi, l’époque Ming c’est environ entre le 14 ème et le 17ème siècle et si c’était du 4^èm il serait dans un musée «  – Oh, 4^ème ou 17 ème quelle différence ? – Et tu l’as payé cher ? – Ben, faut avoir les moyens c’est sûr, mais c’est un placement et il m’a fait un prix ». Je suppose bien, oui. Moi : « Et qu’est-ce que tu vas dire à ton mari ? – tu sais bien qu’il n’y connait rien, je lui dirai que l’ai acheté aux Emmaüs ». Pauvre vase quel que soit son origine livré aux mains de béotiens ou d’arnaqueurs, l’une ou l’autre possibilité m’ayant tout autant désenchantée. Après tout, je suis peut-être un peu jalouse quand même… ? Oh, non, pas moi. A noter que le dit-vase a terminé son existence en mille morceaux lors d’une dispute conjugale. Triste conclusion de toute façon.