Rêvons un peu
Un fantôme est un fantôme, il n’y peut rien, pas la peine de discuter, il fait son boulot de fantôme. Celui-ci s’est faufilé discrètement comme pour ne pas déranger ; un fantôme bien élevé somme et qui connaît les bonnes manières. C’est rare, convenons-en. Il s’assied au bord du lit en soupirant de fatigue ou de mélancolie, mieux vaut ne pas savoir. Le poids fétide de son souffle traîne dans l’air et il fredonne une petite musique qui serre le cœur ; il fait ça très bien, serrer les cœurs ; On devine aisément que sa main cherche à caresser des cheveux et même sin on n’aime pas cela, il ne faut pas le dire car si on lui parle, il saisit l’occasion de s’emparer de vous.
Il y a pire : les groupes. Les groupes de morts saisis sur le vif ; ils portent de longues robe flottantes et n’ont pas de mains mais les agitent dans toutes les directions : ils n’ont pas d’yeux mais leurs regards perçants déchirent la peau. Parfois, ils s’éloignent d’un pas heurté et gesticulant, parfaitement à leur aise et chuchotent en chevrotant les horreurs du monde et de ses alentours.
Il faut juste parvenir à décider le jour à se lever. Que le jour daigne enfin se lever pour que tout rentre dans l’ordre et que l’on puisse se détendre. Enfin, jusqu’à la prochaine nuit. Et ça, ça n’est pas gagné.