Bon débarras

Un des rares avantages du port du masque et du respect de la distanciation,  c’est que l’on est débarrassé de la corvée du baiser.

S’il n’en n’était  que du baiser de Judas, je saurais éventuellement  m’en accommoder, mais jusqu’au masque   nous avions droit également à celui de Michelle, Sandra, Marc, Brigitte, Patrick, Murielle, Emmanuel etc… Nombre de  connaissances totalement inconnues mais présentant la caractéristique douteuse d’être la connaissance d’une  connaissance commune  se croyaient  autorisées, que dis-je, Obligées, de saluer une rencontre inopinée  d’une embrassade intempestive et pour ma part, incongrue.   De mon côté, je tendais  franchement la main, ce qui ne les stoppaient nullement  et ils rétorquaient avec une lippe impérieuse autant qu’autoritaire.  Et même pas capables de se mettre d’accord sur la quantité  : deux minimum  mais souvent trois quand ça n’est pas quatre. Ça bisait dans  tous les sens, à tout va le plus souvent dans le vide car c’est plus le mouvement qui comptait , le déplacement d’air que l’intention affective.  Je suis d’une génération et d’une éducation où le baiser est rare, discret et justifié. Il vient du fond du cœur pour aller tout droit au cœur de son destinataire et je ne le pratique pas indûment mais je le réserve à un petit cercle minoritaire et… bien-aîmé ou à tout le moins très personnel. Evidemment bien sûr, ce faisant, je m’exposais à des considérations de l’ordre du : « Oh, celle-là, elle se croit ( ?!)  ou encore « Faut-être de son temps ». Justement, le temps, je ne veux pas le perdre à me laisser imposer des rites  qui n’ont pas mon agrément. Je ne veux pas que l’on m’impose un baiser. Je veux juste en disposer, de tout mon cœur. Et à qui je veux.