De mon temps

De mon temps, de mon temps, de mon temps, de mon temps (désolée, je ne vois pas comment le présenter autrement) donc, dans mon jeune temps des années 60, la sémantique ne connaissait pas le politiquement correct. On taillait dans le vif, on allait à l’évidence et on appelait un chat, « un chat ». On disait,  – non, du reste, on ne disait pas, on chuchotait : « Inverti » (mais ce sont juste des artistes et ils sont passibles de la prison, mais si, ma chère, c’est un crime !) Exact jusqu’à la révolution française, l’homosexuel pouvait finir sur le bûcher et c’est en 1982 que la loi française supprime toute pénalisation de l’homosexualité impliquant des personnes de plus de 15 ans . On interrogeait : chômeur ? C’est quoi, un chômeur ? Ah oui ! Un faiiiiiiiiiiinéant qui ne sait faire que des gosses et se saouler.  Une divorcée, c’est une femme déchue (oui, c’était toujours la faute de la femme), on ne la reçoit pas chez soi, des fois que ce soit contagieux. Celle qui a un enfant sans être mariée, était une  fille-mère avec un bâtard.  Il y avait aussi la drogue, mais ça c’était juste pour les riches. Les immigrés : Début du XX ème siècle, le ministère de l’armement recrute des travailleurs – des TRAVAILLEURS – nord-africains, indochinois et chinois. – 1917-1939 : développement de l’immigration et apparition d’une immigration politique (Russes, Arméniens, Allemands, Italiens, Espagnols). Après la guerre d’Algérie, quelques 42.500 harkis ont aussi regagné la France par procédure de rapatriement ; Ils sont hébergés dans des camps d’accueil militaires – Ensuite, tout dérape, il y a de moins en moins de travail pour les français et les motivations des immigrés deviennent de plus en plus floues et les justifications de moins en moins évidentes. Au départ des Restos du Cœur, les bénéficiaires avaient honte de les fréquenter maintenant, certains s’en vantent. « Mais, moi j’y vais, au Restos »
Excessif ? Peut-être… Sans doute même mais désormais, on s’autorise, on réclame, on revendique, on s’exhibe. La Gay Pride pour la LGBT, le mariage pour tous, le bébé toute seule de la maman-solo,  les familles recomposées,  les papas du week-end et pour les vacances, la semaine chez maman avec un nouveau papa, les pensions alimentaires, les working girls de tous poils.  Les : pas de papa mais deux mamans (ou vice-versa),  Nous entassons des millions de « demandeurs d’emploi » sans souci de leur dignité ni de nos capacités à le faire, nous jonglons avec les pensions alimentaires des divorces, remariages, redivorces, reremariages et la drogue fait partie de notre quotidien. Moi, je veux bien que les temps changent, bon nombre d’avancées font honneur à l’être humain mais, n’oublions pas par pitié que les gens comme moi ( ?) sont nés dans un autre millénaire. Si, si. Et, je ne peux pas tout gober les yeux fermés sinon il faudrait que je renie tous les préceptes de ma jeunesse et on ne peut pas demander ça à un individu normalement constitué, n’est-ce-pas. Ces gens qui revendiquent leur liberté d’être, m’autorisent-il la mienne ? N’ai-je pas le droit de détourner les yeux quand deux hommes s’embrassent à pleine bouche, de fermer mes oreilles quand un couple se rejette  de l’un à l’autre la garde de leur enfant,  de refuser la drogue ou le sexe dans les collèges ou d’avoir la crainte du chômage et de la précarité. Peut-être ne  suis-je pas à la mode, ni « in » ni « fashion » ni « dans le vent » mais si  je suis suffisamment cool pour accepter le monde tel qu’il est, qu’il ait la politesse de me rendre la pareille.